Étant donné la grande popularité de mon dernier article sur la réparation de tricots, il est grand temps que je vous en propose un deuxième. Vous avez tricoté, reçu ou peut-être acheté de seconde main un magnifique chandail de laine, mais il est un peu trop grand pour vous? Ne perdez pas espoir.
Le chandail (pull pour les cousins de France) dont je vous parle aujourd’hui a été tricoté avec amour par ma sœur alors qu’elle était prise à l’étranger en raison de la COVID-19 (évidemment). Les manches étaient un peu trop vastes pour Monsieur qui a de très long bras (mais qui ne sont pas très gros). Maintenant, moi-même à l’autre bout du monde sans ma machine à coudre, je cherchais une technique pour rapetisser les manches.
Qui dit rapetisser un tricot, dit couper un tricot, un concept très épeurant pour qui peut concevoir le nombre d’heures passées à tricoter un chandail aussi grand avec autant de motifs. C’est en recherchant une solution que j’ai découvert le steek, une méthode qui sert à sécuriser un tricot avant de le couper, soit à la machine ou au crochet. La méthode que je détaille ci-dessous utilise un crochet (et donc sans machine) et est celle que j’ai utilisée pour le chandail de Monsieur, qui tient très bien depuis plusieurs mois. J’espère que cela vous donnera la confiance de vous lancer dans votre projet!
À noter: cette technique convient si vous avez un vêtement en laine sous la main (et non en coton, ou en fibre synthétique) et cette technique est pour rétrécir un vêtement et non le raccourcir.

Je conçois la technique en quatre étapes
- Déterminer la taille souhaitée
- Faire le steek
- Assembler
- Couper
1. Déterminer la taille souhaitée
On veut absolument éviter de devoir défaire un steek, c’est assez pénible et on risque d’abîmer le tissu – histoire vécue – donc cette première étape est cruciale. Je vous conseille deux élements : faire l’ajustement sur le mannequin et utiliser des lignes lisses.
L’outil le plus utile pour moi a été un peu de laine de couleur contrastante pour marquer où fa couture de la manche devrait être. J’ai demandé à Monsieur d’enfiler le vêtement. En utilisant la laine contrastante enfilée sur une aiguille à laine, j’ai assemblé de façon temporaire la manche avec un point avant assez long. J’ai ensuite demandé à Monsieur de faire différents mouvements pour voir si la manche était suffisamment serrée et si j’avais repris l’aisselle au bon endroit. J’ai fait plusieurs ajustements avant de trouver la bonne forme.
Le résultat était un peu brouillon, j’ai donc entrepris de faire une ligne plus propre pour m’assurer de faire le steek au bon endroit. Sur la photo ci-dessous, les plus longs points ont servi pour les ajustements et les points plus courts sont les guides finaux pour le steek.

Cette ligne plus propre est aussi une occasion de lisser la couture pour éviter les angles ou les courbures trop fortes. Ceux-ci créeront probablement des plis disgracieux sur le vêtement, bien que si on le regarde à plat ce ne soit pas évident au premier coup d’oeil.

2. Faire le steek
La méthode
D’abord, qu’est-ce que qu’un steek? En bref, on fait une chaîne de crochet parallèle à ligne selon laquelle on veut couper. La chaîne de crochet empêchera le tricot de se défaire.
Le steek est une méthode assez commune et j’ai trouvé pour vous une vidéo en français canadien (un peu de chauvinisme ne fait jamais de mal!). Parmi toutes celles que j’ai regardées, c’est la vidéo qui m’a donné la confiance pour appliquer la méthode sur mon projet. Je n’avais jamais crocheté avant ce projet et j’ai quand même réussi à faire le steek (quoique ma vitesse reste à améliorer je vous le confie).
Pour suivre la ligne tracée à la section 1, il faudra parfois crocheter en diagonale. Sur mon projet, j’ai continué à prendre deux brin pour chaque point de crochet, en m’assurant de ne pas trop espacer les points. En outre, j’ai « steeké » chaque côté de manche séparément (voir illustration ci-dessous) pour pouvoir bien suivre le tracé réalisé à la section 1.

Une fois le steek terminé, le guide de laine contrastante peut être enlevé.

La laine
De nombreuses ressources vous conseilleront chaudement une laine non superwash pour le steek, car cela permettrait en théorie à la chaîne de crochet de s’attacher plus solidement au vêtement. Dans le cas d’une réparation, il faut trouver la bonne balance entre une laine qui est à peu près de la même couleur que le vêtement original et la solidité. Personnellement, j’ai utilisé de la laine superwash puisque c’est ce que j’ai réussi à trouver comme couleur qui s’agençait à mon projet.
J’ai fait un petit test avec une laine superwash (en gris), une laine non superwash (en vert forêt) et du coton (en bleu pâle). Même avec le coton, le steek reste bien en place si je frotte le tricot ou l’étire avec mes mains. Par contre, lorsqu’on tire avec vigueur sur un brin, le steek en coton est plus facile à abîmer. Pour cette raison, je ne m’essaierais pas à faire un steek avec du coton ou une fibre synthétique. Le coton a, en plus, été particulièrement difficile à crocheter pour mes mains de débutante.


3. Assembler
Avant de découper, j’ai décidé d’assembler la « nouvelle » manche pour m’assurer que la taille convenait bien. Et j’ai bien fait, parce qu’au premier essai c’était vraiment horrible et je n’arrivais pas à refermer le chandail à l’aisselle!
J’ai utilisé un point invisible (et non un point à ourlet invisible, très mélangeant) pour rapprocher les deux côtés de la maille. L’aiguille est une aiguille à laine, et la laine est la même que celle utilisée pour le steek. Ensuite c’est l’essayage final!

4. Couper
Si l’assemblage au point 3 s’est bien déroulé, le moment fatidique est arrivé: la découpe. Ça fait un peu peur si je suis bien honnête avec vous. Mais bon, après avoir passé des heures à faire du crochet, il faut s’avouer qu’il n’y a pas beaucoup d’autres options. Il ne reste qu’à prendre les ciseaux en main et s’assurer de couper du bon côté du steek!

Et voilà le travail!


Note: Vous aurez peut-être aussi remarqué que le col est un peu moins vaste après la réparation. J’y ai ajouté un élastique. C’est mon deuxième essai et je ne suis pas sûre de partager cette solution sur le blog, car l’élastique a rapidement rendu l’âme au premier essai…